AUSTRALIE : LA GRANDE BARRIÈRE DE CORAIL PLUS QUE JAMAIS MENACÉE
La grande barrière de corail près des îles Whitsunday en Australie,
le 20 novembre 2014-AFP/Archives/SARAH LAI, SARAH LAI
La grande barrière de corail australienne a subi cette année la plus importante hécatombe de coraux jamais observée, ce qui fait craindre pour l'avenir de ce joyau naturel classé au patrimoine de l'Humanité, ont annoncé des scientifiques mardi.
Le délicat écosystème, long de 2.300 kilomètres -le plus grand du monde- a essuyé son épisode de blanchissement le plus sévère en raison du réchauffement de la température de l'eau entre mars et avril.
C'est la partie nord de la barrière, la plus inaccessible, qui a été le plus touchée.
Le Centre d'excellence pour les études sur les récifs coralliens de l'Université James Cook a mené cette année des reconnaissances aériennes de cet emblème de l'Australie ainsi que des plongées d'études.
Celles-ci ont révélé que les deux tiers des coraux situés sur 700 kilomètres dans le nord du site étaient morts ces huit ou neuf derniers moi.
Le blanchissement de la Grande barrière de corail-AFP/Adrian LEUNG, John SAEKI, Gal ROMA
"La plupart des pertes de 2016 sont survenues dans la partie la plus septentrionale, la plus intacte, de la Grande barrière", dit Terry Hugues, directeur du Centre. "Cette région s'en était sortie avec des dégâts mineurs lors de deux précédents épisodes de blanchissement en 1998 et 2000, mais cette fois-ci, elle a été gravement touchée".
Plus au sud, dans les parties centrale et méridionale, y compris les zones très touristiques de Cairns et des îles Whitsunday, touchées par la chaleur dans une mesure moindre, les dégâts sont bien inférieurs.
Le blanchissement est un phénomène de dépérissement. Il est provoqué par des conditions anormales comme le réchauffement de la température de l'eau: cela entraîne l'expulsion par les coraux des algues symbiotiques qui leur donnent leur couleur et leurs nutriments.
Les récifs peuvent s'en remettre si l'eau refroidit, mais ils peuvent aussi mourir si le phénomène persiste.
Les défenseurs de l'environnement accusent les gaz à effet de serre d'être responsables du réchauffement climatique et ont appelé à nouveau mardi à l'arrêt de l'exploitation des mines charbon.
- Canberra au rapport -
"Voile la prix dévastateur que nous payons lorsque le gouvernement australien soutient à bout de bras l'industrie du charbon", a réagi Shani Tager, de Greenpeace Australia. "Un plan crédible pour protéger le récif doit commencer par le réchauffement climatique et l'interdiction de mines nouvelles".
Canberra assure qu'il n'a jamais fait autant d'efforts pour protéger la barrière, également menacée par les ruissellements agricoles et la prolifération des acanthasters, étoiles de mer qui détruisent les coraux. L'Australie s'est engagée à dépenser plus de deux milliards de dollars australiens (1,4 milliard d'euros) sur dix ans.
Le barrière et ses 345.000 kilomètres carrés ont évité de justesse en 2015 d'être placée par l'Unesco sur sa liste des sites en péril. Canberra doit informer l'Unesco des efforts fournis pour la protéger d'ici le 1er décembre.
Les chercheurs estiment qu'il faudrait au moins 10 ou 15 ans pour que la partie nord récupère ses coraux mais craignent un quatrième épisode de blanchissement massif d'ici là.
Si les niveaux de gaz à effet de serre continuent de grimper, avait prévenu le Centre cette année, de tels épisodes surviendront tous les deux ans d'ici la moitié des années 2030.
Compte tenu du temps qu'il faut aux coraux pour récupérer, "il est vraisemblable que nous perdions de larges parties de la Grande barrière en à peine 20 ans".
Pour l'heure, les touristes ne devraient pas trop pâtir du phénomène car les parties les plus accessibles ont moins souffert.
"La bonne nouvelle c'est que les deux tiers méridionaux du récif s'en sont tirés avec des dégâts mineurs", dit Andrew Baird, qui a mené les recherches sous-marines en octobre et novembre. "En moyenne, 6% des coraux blanchis de la région centrale sont morts en 2016 et seulement 1% dans le sud. Les coraux ont repris leurs couleurs vives et ces récifs sont en bon état".
Le tourisme lié à la barrière emploie 70.000 personnes et génère cinq milliards de dollars de revenus annuels
SOURCE : SCIENCES ET AVENIR 29.11.2016
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