LES 4 VÉRITÉS DE BRANE

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FORUM ECO. DE DAVOS : LE "MADE IN CHINA" SE REDÉPLOIE EN VERSION 4.0

 L’économie chinoise se normalise et saute dans le wagon de la quatrième révolution industrielle, selon les experts à Davos.

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La grande peur qui a dominé cette édition de Davos: la Chine. Atterrira-t-elle en douceur ou s’écrasera-t-elle après une décennie de croissance hors norme?
Lors d’un dîner privé le 21 janvier, le milliardaire George Soros a clairement opté pour le second scénario, soulignant que l’Empire du Milieu, surendetté à hauteur de 300% de son PIB, produit six fois plus de dette pour chaque point de croissance. Zhang Yichen, CEO de CITIC Capital à Hong Kong, évoque un risque sur le marché financier chinois qu’il ne faudra pas sous-estimer et qui «ne sera pas moins élevé qu’en 2015», même si les  actions ne sont pas très chères actuellement.
Nouriel Roubini, professeur de la Stern School of Business de New York, s’est voulu plus rassurant, estimant que la Chine parviendrait à éviter un krach boursier, et que son atterrissage serait désordonné mais sans dégâts majeurs. «La Banque de Chine devra procéder à des assouplissements quantitatifs, poursuit-il, et le rééquilibrage prendra simplement du temps».
Sa préoccupation: le fait que la Chine vise toujours une croissance supérieure à 6%, ce qui pourrait l’inciter à augmenter sa dette, « ce qui entraîne de mauvais investissements et des surcapacités ». La Chine ne laissera pas le yuan se dévaluer fortement, estime Nouriel Roubini: à présent qu’elle membre du système des Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI, elle n’aura pas la même flexibilité de dévaluer, car elle verrait des fuites de capitaux, et entraînerait les pays émergents à dévaluer dans son sillage. En outre, la croissance des exportations tient bon, la balance courante est toujours excédentaire et les réserves de devises restent très élevées.

La «Nouvelle normale»

Enfin, le secteur des services, qui se développe en Chine, nécessite une monnaie forte plutôt que faible. Certes, comme l’a relevé Georges Soros, la seule montée du dollar a encore pour effet de déprécier le yuan, dont le taux demeure référencé sur le billet vert. Mais à terme, a annoncé la Banque de Chine, son taux de change sera basé sur un panier de devises, incluant l’euro et le yen.
La Chine entre dans la «Nouvelle normale», terme qui désigne une croissance plus lente, - celle-ci ne dépassera pas 6% cette année -, et des défis pour la compétitivité future. Le moment serait venu de changer la culture économique de la Chine, estime Zhang Weiying, professeur à l’Université de Pékin: «L’économie devrait se développer sur la base de l’entrepreneuriat et non grâce aux subventions gouvernementales».
Ces 30 dernières années, rappelle-t-il, les entrepreneurs chinois profitaient des déséquilibres de l’économie chinoise; «mais à présent, il nous faut des entrepreneurs innovants qui peuvent créer de la valeur, trouver des clients, au lieu de profiter d’inefficiences économiques». Autre changement à opérer en vue d’accroître la solidité et la pérennité des affaires en Chine, selon Zhang Weiying: «Ces dernières années, les entrepreneurs chinois réfléchissaient à très court terme; ils doivent apprendre à penser sur le long terme. Leur horizon-temps devrait être au moins de 5 ans et jusqu’à 20 ans».

Réduire les capacités excédentaires 

A l’heure actuelle, l’une des difficultés pour les entreprises chinoises est l’absence de protection des droits de propriété intellectuelle. «Cela rend plus difficile la transition des entreprises vers plus d’innovation afin de s’inscrire dans la ‘Nouvelle Normale’. Un cadre légal fiable et prévisible est la meilleure aide pour les entreprises qui veulent innover». Des facteurs qui, pour Amy Wilkison, conférencière à la Stanford Graduate School of Business, participent clairement au succès des entreprises innovantes aux Etats-Unis.
Selon le patron d’industrie Zhang Fanyou, président du cinquième constructeur automobile du pays, Guangzhou Automobile, son secteur affronte de nombreux défis dans le contexte de la “Nouvelle Normale”, qui consiste à s’orienter davantage sur le client chinois. La croissance étant plus lente et la fabrication en Chine pour des marques étrangères devenant moins concurrentielle, son entreprise multiplie les partenariats avec de nombreuses marques (Honda, Toyota, Chrysler), des joint ventures qui représentent 75% de ses affaires, tout en distribuant ses propres marques.
Parmi les ajustements à prévoir dans l’industrie, Nouriel Roubini estime que les capacités excédentaires devront être drastiquement réduites dans des secteurs tels que l’aluminium, le verre, le ciment, les constructeurs automobiles. « Une consolidation massive devra s’opérer», prévoit-il. Et si le gouvernement cessait de maintenir des sociétés non performantes en activité, l’aléa moral se réduirait et les entreprises s’ajusteraient opérationnellement et financièrement, conclut-il.

"Leaders de la 4ème révolution"

Reste à savoir ce qu’il adviendra de l’industrie d’exportation. A ce jour, 85% des jouets vendus en Suisse, par exemple, sont fabriqués en Chine. Quel est l’avenir du Made in China? « Les entreprises chinoises ont un avantage dans les secteurs en transformation rapide », estime Neil Shen, fondateur de Sequoia Capital en Chine. « Le fait que, il y a 10 ans, il n’y avait pas de smartphone chinois atteste de la rapidité avec laquelle cette industrie a décollé en Chine, le plus grand marché pour les mobiles».
On trouve des leaders dans les smartphones, les caméras, l’électroménager, le trains à grande vitesse et les équipements industriels. Le Made in China dans tous ces secteurs se maintiendra à condition qu’ils puissent innover, estime Justin Lin, professeur à l’Université de Pékin. D’ici à 2025, le défi pour la Chine sera, selon lui, d’investir dans la recherche et le développement et les technologies plus complexes comme l’aérospatiale et l’impression 3D (y compris pour remonter dans la chaîne de valeur des matériaux de base) afin de renforcer ses avantages comparatifs.
«Nous avons peut-être manqué la première et la deuxième révolution industrielle, mais nous somme leaders dans la quatrième, dans des secteurs tels que l’e-commerce, les puces électroniques et les applications», souligne Xu Jinghong, président de Tsinghua Holdings.
Mais pour favoriser l’essor de nouveaux géants chinois de la technologie, la Chine devrait s’inspirer des Etats-Unis, suggère Amy Wilkinson: «30% de la communauté techno est issue de l’immigration, et l’accès au financement est exceptionnel en Amérique, avec les capitaux risqueurs, le private equity, la bourse et le crowdfunding». Elle reconnaît cependant que des entreprises chinoises comme WeChat n’ont pas d’équivalent aux Etats-Unis.

Innovations chinoises

A la fois messagerie, réseau social, site de rencontres, de réservations de voitures, de médecins, de fitness, cet outil combine les avantages de plusieurs applications et sites différents aux Etats-Unis. Ehang a développé un drone qui peut prendre un passager, ce qu’aucune entreprise américaine n’a fait. «Ce sont de très grandes innovations chinoises ». Pour la prochaine vague d’innovation, il faudra travailler ensemble, conclut la spécialiste de Standford: «Cela ne devrait pas être ‘eux’ contre ‘nous’». 
«Un moyen pour la Chine de gagner en savoir-faire, estime Neil Shen, de Sequioa Capital, consiste à effectuer des fusions et acquisitions: des entreprises innovantes se vendent à la Chine en raison de la taille de notre marché. Mais pour ce faire, il nous faut les talents managériaux adéquats pour diriger les entreprises rachetées et créer ainsi l’industrie chinoise 4.0».  

 

SOURCE : Bilan 22.01.2016



22/01/2016
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