ILS EN ONT RAS LE BÉRET DE LA FRANCE
Contexte économique difficile, climat politique délétère... Hier à Paris, au salon S'expatrier, plusieurs Français nous ont expliqué pourquoi ils veulent quitter le pays.
Pour eux, ça n'est pas un rêve, mais une échappatoire. Déçus ou inquiets du contexte politico-économique, les visiteurs qui se sont rendus hier au salon S'expatrier, tenu à Paris le temps d'une journée, n'étaient pas rares à vouloir « voir si l'herbe est plus verte » à l'étranger. C'est le cas de Jean-Claude Tiriau qui sillonne les allées en tirant sa valise à roulettes.
« Je suis en France depuis dix jours, mais j'ai hâte de repartir. C'est la première fois que ça me fait ça », raconte ce retraité costaud de 64 ans parti il y a un an s'installer en Algarve, au Portugal. « J'ai vécu quinze ans à Marseille où j'ai failli me faire agresser plusieurs fois. Quand on arrive à la retraite, on a besoin de sérénité. la France n'est plus sereine, alors qu'au Portugal... » Une autre raison a motivé cet ex-directeur de société de sécurité. « Ce sont mes revenus à la retraite. Avec 2 000 € en France, on ne fait pas grand-chose. Et moi qui ai travaillé soixante-dix heures par semaine, j'ai envie d'en profiter tant que j'ai la forme. En Algarve, un bon resto, c'est 8 € ! Et ça n'est pas le climat électoral qui me fera revenir, il est déprimant. »
Le rêve américain en... Nouvelle-Zélande
Domiciliée à Montrouge (Hauts-de-Seine), Bénédicte Niang, elle, a déjà programmé son départ, ce sera cet été. « Je suis en disponibilité de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris depuis sept ans. Je travaille dans une association de soins à domicile où je gagne mieux ma vie. Ma disponibilité arrive à terme et je ne veux pas retourner à l'hôpital, dit la jeune mère de deux enfants. C'est devenu trop stressant : on fait de l'abattage, le patient ne compte plus, on travaille la nuit, le week-end... Je vais tenter ma chance au Canada.
« J'aime la France, insiste de son côté la pétillante Alix Abanda, 29 ans. Mais son logiciel n'est plus compatible avec le mien. Ici, il faut entrer dans des cases, poursuit l'ingénieur en éclairage et diplômée en pâtisserie. Avant, on pouvait être mathématicien, philosophe et peintre, maintenant, c'est impossible. Et moi, explique cette habitante de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), je veux organiser mon travail comme je veux. J'ai trouvé un poste d'ingénieur en Nouvelle-Zélande. » Costume-cravate, Grégoire, 38 ans, est directeur en certification et prépare son départ aux Etats-Unis. « Je veux pouvoir constituer un patrimoine à laisser à mes enfants sans qu'on me pénalise. Et puis je m'inquiète de la montée des extrêmes, de l'impact que ça aura sur l'économie.
Venue en famille de Pont-l'Evêque (Calvados), Céline Grandjean a 40 ans. « Pour les croupiers de casino, comme moi, il n'y a plus d'avenir. » Alors cette ex-restauratrice veut remettre le couvert et ouvrir un nouvel établissement. « Mais en France c'est trop compliqué, trop de paperasses. Et puis il y a les cotisations au RSI (NDLR : régime social des indépendants). Un vrai obstacle ! C'est la ruine et pour une pauvre retraite ! » Alors direction la Nouvelle-Zélande pour elle aussi. Le nouvel eldorado des Français ?
2,4 millions de Français vivent déjà à l'étranger
La France compte environ 2,4 millions d'expatriés, dont 1,8 million vivent en Europe. Un volume en augmentation régulière de 2 à 3 % par an. Les chiffres 2016 n'ont pas encore été dévoilés, mais selon le ministère des Affaires étrangères, « il n'y a pas eu de boom des départs ». Les Français ont peu la bougeotte, comparés aux Italiens ou aux Britanniques (5 millions d'expatriés). Pays les plus prisés par nos expatriés sont dans l'ordre : la Suisse, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Belgique et l'Allemagne. Les métiers qui s'exportent le mieux sont ceux qui contribuent à la bonne image de l'Hexagone (hôtellerie-restauration, métiers de bouche, du luxe). Mais on y trouve aussi les filières d'excellence : ingénierie, informatique et santé.
SOURCE : Le Parisien 11.03.2017
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