MÉTHANE DANS L'ATMOSPHÈRE : LE BÉTAIL QUI CHANGE TOUT
Selon une étude publiée ce lundi, la concentration mondiale du gaz qui piège 28 fois plus de chaleur que le CO2 a fortement augmenté ces deux dernières années.
NOTE PERSONNELLE EN MARGE DE CET ARTICLE :
Il est étonnant que l'on parle si peu de l'amorce d'un rejet massif du méthane stocké au fond des océans et dans le permafrost (pergélisol).
80% des eaux profondes et plus de 50% des eaux de surface recèlaient des taux de méthane plus de 8 fois supérieurs à la normale,
avec parfois des concentrations qui atteignent 1.400 fois cette norme !
L’émission d’un kilo de ce gaz correspond, en termes d’effet de serre, au rejet de 23 kilos de dioxyde de carbone (CO2).
la quantité d'hydrate de méthane dans le réservoir océanique est considérable. Selon une estimation récente, cette quantité serait comprise entre 1 et 5×1015 m3 de gaz, soit entre 0,5 et 2,5 ×1012 tonnes de carbone..
La quantité d'hydrates de méthane dans le réservoir continental est moins bien connue. La surface relativement faible (10 millions de km²) occupée par le pergélisol laisse supposer qu'elle est moindre que dans le réservoir océanique.
Et pourtant, la valeur énergétique des hydrates de méthane équivaudrait à l'ensemble des ressources fossiles : charbon, pétrole et gaz conventionnels réunis.
En fait, la véritable bombe apocalyptique climatique est le méthane, car à partir d'un certain degré de réchauffement climatique l'effet "boule de neige irréversible" évaporation du méthane/effet de serre s'enclencherait et pourrait conduire à terme à l'extinction complète de la vie sur Terre.
C’est une nouvelle alerte sur le climat, et elle a de quoi inquiéter sérieusement. Les concentrations de méthane dans l’air sont en train d’exploser au niveau mondial, constate une équipe internationale de scientifiques dans un article publié ce lundi dans Environmental Research Letters. Alors que cette hausse était relativement stable entre 2000 et 2006, cela a changé en 2007 avec un emballement particulièrement marqué en 2014 et 2015 : elles ont explosé, durant chacune de ces années, de plus de 10 parties par milliard (ppm, unité de mesure indiquant qu’il y a une molécule de méthane pour un milliard de molécules). «C’est un contraste saisissant par rapport au début des années 2000, quand les concentrations de méthane augmentaient seulement de 0,5 ppb en moyenne par an», soulignent les scientifiques.
Beaucoup moins présent dans l’atmosphère que le dioxyde de carbone (CO2), le méthane est un gaz à effet de serre bien plus puissant, puisqu’il «piège 28 fois plus de chaleur». «La stabilisation de la hausse des émissions de CO2 ces trois dernières années contraste spectaculairement avec la récente augmentation rapide des concentrations de méthane», remarque Robert Jackson, professeur à l’université Stanford (Etats-Unis) et coauteur de l’article.
Vaches.
Selon les chercheurs, ce bouleversement pourrait compromettre les efforts de lutte contre le changement climatique. «Nous devons contenir la hausse des températures moyennes du globe à 2°C [par rapport à l’ère préindustrielle, comme le prévoit l’accord de Paris, ndlr]. Pour inverser la tendance, il est nécessaire de réagir rapidement», insiste Marielle Saunois, enseignante et chercheuse à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement).
Mais les raisons de cette situation «ne sont pas encore bien comprises», admet-elle. L’emballement des deux dernières années en particulier est «vraiment intrigant». Il est en effet difficile de pister précisément les émissions de méthane, notamment parce qu’elles peuvent provenir de sources très différentes. «Contrairement au CO2, presque tout est diffus en ce qui concerne le "budget méthane" mondial. Des vaches aux zones humides en passant par les rizières, son cycle est plus compliqué», explique Robert Jackson. Mais une série d’informations (issues de l’inventaire à grande échelle des émissions de cette molécule, de mesures des concentrations dans l’air et de modèles informatiques) suggèrent que ce cycle a été énormément modifié au cours des deux dernières décennies.
Les auteurs de l’article ont participé à l’élaboration de l’édition 2016 du «Global Methane Budget», dont la version finale est publiée ce 12 décembre, une étude diffusée tous les deux ou trois ans par la plateforme internationale de recherche Global Carbon Project. Elle présente un aperçu le plus complet possible des flux de méthane entre 2000 et 2012, et constate que les émissions anthropiques (d’origine humaine, qui représentent environ 60 % de la production de cette molécule chaque année) ont augmenté après 2007, bien que cela soit difficile à quantifier précisément. Beaucoup de défenseurs de l’environnement se sont inquiétés de l’impact du développement de l’exploitation du gaz naturel (en particulier de schiste), le méthane pouvant s’échapper des puits de gaz et de pétrole.
Huile de lin.
Mais selon les chercheurs, l’exploration et l’exploitation des énergies fossiles représente environ un tiers de la production anthropique de méthane. La source la plus probable de la hausse récente des émissions serait plutôt l’agriculture. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le nombre de têtes de bétail dans le monde est passé de 1 300 millions en 1994 à près de 1 500 millions en 2014. Et les cultures de riz ont augmenté de façon similaire dans beaucoup de pays asiatiques. Or le système digestif des vaches émet de grandes quantités de méthane. Et les sols inondés des rizières favorisent la prolifération des microbes qui en produisent.
Mais pour Marielle Saunois et Robert Jackson, le bilan n’est pas totalement négatif. Ils mettent en avant les recherches pour réduire les émissions de cette molécule dans les fermes. Enrichir l’alimentation des vaches en huile de lin semble permettre de diminuer la quantité de méthane qu’elles dégagent. «Il y a eu beaucoup d’attention portée sur l’industrie des énergies fossiles, mais nous devons regarder autant sinon plus du côté de l’agriculture, estime Robert Jackson. La situation n’est certainement pas désespérée, c’est une réelle opportunité.»
Etonnant toutefois que les chercheurs ne mentionnent pas, parmi les pistes permettant d’expliquer cette explosion de la concentration de ce gaz, l’amorce d’un rejet massif du méthane par les sols dû au réchauffement climatique, comme l’indiquait une étude publiée dans la revue Nature le 1er décembre.
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