"Un trou noir est une porte vers un autre Univers !" Il ne se passe pas une semaine sans que le célèbre physicien britannique Stephen Hawking ne déclare sa passion des trous noirs. Après sa récente proposition de voyage interstellaire voici une nouvelle invitation pour atteindre d'autres mondes ! Lors d’une conférence à Harvard, lundi 18 avril, comme le rapporte Boston Globe, le chercheur a présenté les trous noirs - ces astres extrêmement denses qui attirent toute lumière et matière navigant à proximité de leur horizon - comme une sorte de passage secret. Le physicien se rallie ainsi à l’hypothèse actuellement très en vogue des "multivers", pour désigner les multiples autres univers possibles. En effet, certains théoriciens envisagent leur existence, parallèlement à notre Cosmos : ils auraient des caractéristiques autres, comme des particules élémentaires dotées de masses différentes par rapport à celles qui constituent notre monde. Pour passer d’un univers à l’autre, il faudrait donc passer par... un trou noir.
L'évaporation quantique
Ces trous noirs sont, selon le physicien britannique qui a consacré sa vie à leur étude, des astres "plus étranges que tout ce qui a été imaginé par les auteurs de sciences fiction." Ils ont longtemps été considérés comme des prisons éternelles ne laissant rien échapper, des puits sans fond desquels rien ne sort. Du point de vue de la relativité générale d’Einstein, ils constituent à ce titre une singularité de l’espace-temps, c’est-à-dire une région de l'Univers où la densité devient infinie. Résultat : la physique d’Einstein est totalement démunie pour étudier ces astres. Mais dès 1975, Stephen Hawking émet l’hypothèse que certains phénomènes quantiques – cette physique du monde subatomique – laisseraient présager que les trous noirs puissent émettre des radiations. Ainsi, si nous venions à y être engloutis, il y aurait toujours une possibilité d'en sortir, ironise souvent le physicien. Ce phénomène est aujourd’hui connu sous le nom "d’évaporation quantique"ou encore de "radiation de Hawking". Par la suite, Stephen Hawking a revu et complété sa théorie en apportant des hypothèses sur la perte d’information concernant les objets qui pourraient être engloutis par le trou noir. Et il a plusieurs fois parié avec ses collègues que celle-ci sera démontrée un jour.
Des trous noirs de laboratoire
Cependant, malgré ces péripéties, cette radiation – et la perte de masse qui lui est associée – est si faible, qu’elle n’a jamais encore pu vraiment être démontrée expérimentalement. A moins que... Le site Sciencealert rapporte en effet que les récents travaux de Jeff Steinhauer, du département de physique de l’Institut de technologie Technion de Haïfa en Israël, pourraient changer la donne. Depuis quelques années déjà, ce physicien travaille en effet sur des "trous noirs de laboratoire". Pour cela, il n’a décroché du ciel aucun astre étrange ! Mais il a réussi à reconstituer en laboratoire leur équivalent acoustique, fait d’hélium refroidi à des températures juste au-dessus du zéro absolu (-273,15°C), le tout en rotation, un dispositif qui peut être considéré comme un analogue de trou noir.
Or, dans un article proposé il y a quelques mois déjà sur un site en ligne –avant acceptation dans des revues spécialisée – Jeff Steinhauer affirme avoir observé des émissions d’énergie qui serait l’équivalent des radiations de Hawking, obéissant précisément aux hypothèses formulées par le Britannique. Si ces résultats venaient à être confirmés, Stephen Hawking, le génial physicien médiatique, pourrait devenir un candidat extrêmement sérieux pour le prochain Nobel de Physique.
SOURCE : SCIENCES et AVENIR 28.04.2016