UNE PLANÈTE HABITABLE DÉCOUVERTE AUTOUR DE L'ÉTOILE LA PLUS PROCHE DE NOUS
Proxima b, une exoplanète "habitable" découverte autour de Proxima du Centaure
Elle était juste sous notre nez, ou presque. Des chercheurs viennent de découvrir une planète qui orbite autour de Proxima du Centaure, l'étoile la plus proche de la Terre en dehors du Soleil. Baptisée Proxima b, cette exoplanète, en plus d'être à deux pas (à l'échelle cosmique) de chez nous, est située dans la "zone habitable" de son étoile, Proxima Centauri, ce qui veut dire que de l'eau liquide pourrait exister à la surface. Et donc, de la vie.
La découverte de l'exoplanète avait fuité mi-août, mais les informations n'étaient pas claires et non confirmées. On en apprend beaucoup plus dans l'étude publiée dans la revue Nature mercredi 24 août par une équipe de plus de 30 scientifiques.
À quoi pourrait ressembler la planète? Où se trouve-t-elle exactement? Peut-elle vraiment héberger la vie? Avant tout, il faut comprendre comment les scientifiques ont découvert cette planète.
Si la première planète en dehors du système solaire a été détectée il y a seulement 20 ans, depuis, nous nous sommes bien rattrapés: des milliers d'entre elles ont été repérées. Il y a deux méthodes pour cela. Le télescope Kepler (à l'origine de la majorité des détections), mais qui ne peut pas observer les étoiles les plus proches de nous.
Or, Proxima Centauri se situe à seulement 4,243 années-lumière de la Terre. Ce qui veut dire que la lumière met un peu plus de quatre ans à faire le trajet. Ca peut sembler beaucoup, mais c'est très proche (la majorité des exoplanètes étant située à des dizaines, centaines voire milliers d'années-lumière).
Une valse haute en couleur
Pour détecter Proxima b, les chercheurs ont donc utilisé une autre technique, appelée méthode des vitesses radiales. Kézako? Quand une planète gravite autour d'une étoile, l'étoile aussi tourne, à cause de la gravité exercée par la planète. Bien sûr, sa rotation est très faible.
Mais on peut tout de même observer ce petit déplacement. Pour cela, les chercheurs utilisent un spectrographe, qui mesure la lumière émise par l'étoile. Si la "couleur" de cette lumière change, c'est que l'étoile tourne. Voici une petite animation réalisée par Nature pour mieux comprendre:
Cette méthode de détection indirecte a bien sûr ses failles. Mais les chercheurs ont observé l'étoile Alpha du Centaure avec deux spectrographes différents, de manière sporadique de 2000 à 2008, puis pendant 60 jours complets en 2016. Et toutes les données, qui proviennent notamment de l'Observatoire européen austral (ESO), concordent.
Il n'est pas rare qu'une "planète candidate" (c'est la nomenclature exacte) ait par la suite été invalidée. Mais en l’occurrence, les données précises ont convaincu les scientifiques ayant relu l'article avant publication. Interrogé par Le HuffPost, l'astrophysicien du CNRS Jean Schneider, spécialiste des exoplanètes mais extérieur à cette étude, est lui-aussi "raisonnablement convaincu par cette découverte".
Une cousine plutôt qu'une jumelle
En analysant toutes ces données, les chercheurs ont pu mieux comprendre Proxima b. Notamment découvrir sa masse minimale (1,3 fois celle de la Terre) et sa position par rapport à son soleil. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle est très proche: 7,5 millions de kilomètres. Soit environ vingt fois moins loin que ne l'est la Terre du Soleil, ce qui veut dire qu'un an sur Proxima b ne dure que 11,2 jours!
N'est-ce pas un peu près de l'étoile? "Le fait qu'elle soit proche n'est pas grave, car Proxima Centauri est une étoile petite et froide par rapport au Soleil, une naine rouge", explique Jean Schneider. Effectivement, cette étoile fait à peine un dixième de la taille de notre Soleil. Du coup, à cette distance, Proxima b est en réalité pile dans la "zone habitable", c'est à dire à la bonne distance pour que de l'eau puisse exister à l'état liquide sur la surface.
Ce petit schéma permet de mieux comprendre ce qui se passe. A gauche, notre Soleil et l'orbite de Mercure, la planète la plus proche de celui-ci. A droite, l'orbite de Proxima b et, en vert, la zone habitable.
Bien sûr, être situé dans cette fameuse zone n'assure pas qu'il y a de l'eau liquide à la surface de la planète. Il faudrait notamment savoir si Proxima b dispose d'une atmosphère. Pour l'instant, il est impossible de l'assurer. Mais il est possible d'utiliser des modèles mathématiques, en s'inspirant notamment du passé de la Terre ou des planètes proches pour essayer de savoir quelles sont les chances de la présence d'une atmosphère.
D'ailleurs, deux équipes de chercheurs majoritairement français ont testé plusieurs théories sur le sujet, en cours de validation. Le CNRS précise que la présence d'eau est probable, mais que cela dépend notamment de l'histoire de la planète, des gaz présents dans sa possible atmosphère ou encore de sa rotation sur elle-même.
En fonction des différentes hypothèses, la température pourrait être situé entre -30°C et 30°C, ont précisé les chercheurs à l'origine de la découverte lors d'une conférence de presse.
De l'eau... et donc de la vie?
S'il y avait effectivement de l'eau à la surface de Proxima b, cela ne veut pas pour autant dire qu'il y aurait forcément de la vie. "D'après nos connaissances, il y a trois éléments essentiels pour l'apparition de la vie: de l'eau liquide, une source d'énergie et de la matière organique, c'est-à-dire tout composé comportant du carbone", détaille au HuffPost François Raulin, chercheur au CNRS.
L'exobiologiste au laboratoire Lisa précise que ces composés de carbone peuvent être présents de plusieurs manières: dans l'atmosphère, dans les fonds océaniques, près de sources hydrothermales ou encore via des comètes s'écrasant sur la planète. C'est en tout cas les hypothèses envisagées pour la Terre.
Si la vie pourrait aussi être présente sous la surface (c'est ce que les scientifiques suspectent dans les océans souterrains d'Europe, le satellite de Jupiter), de l'eau à même le sol serait un plus. "Cela permettrait une évolution plus complexe, vers une vie macroscopique, avec différentes sources d'énergie, par exemple la photosynthèse", précise le chercheur. Car pour l'instant, on parle évidemment de vie microscopique, pas d'organismes complexes.
SOURCE : HUFFPOST 24.08.2016
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