LES 4 VÉRITÉS DE BRANE

LES 4 VÉRITÉS DE BRANE

VOICI LE PREMIER BILAN MONDIAL DES ÉMISSIONS DE MÉTHANE

Les teneurs en méthane dans l’atmosphère augmentent de plus en plus vite depuis 2007. C’est la principale information du premier bilan mondial des émissions de méthane qui vient d’être établi par des chercheurs français.

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ÉTAT DES LIEUX.

C’est un paradoxe qui s’efface. Alors que le méthane –deuxième gaz à effet de serre derrière le CO2 mais 28 fois plus puissant– est mesuré en permanence depuis 2003 grâce à un satellite dédié, aucun bilan mondial n’avait jusqu’ici été établi, au contraire du dioxyde de carbone. L’oubli est réparé avec la parution ce jour dans Earth Science System Data et Environmental Research Letters d’une étude pilotée par le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE, CEA/CNRS). « Cet état des lieux est cependant plus difficile à établir que pour le CO2, pondère Philippe Bousquet, principal auteur de l’article. Les sources d’émissions sont plus nombreuses, plus diffuses et mêlent origines humaines et naturelles ».

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Au rang des émissions anthropiques, figurent les fuites tout au long de l’extraction, de la distribution et de la consommation du gaz naturel, les relargages provenant des mines de charbon (le fameux grisou), les rejets de l’agriculture (épandages d’engrais chimiques) et de l’élevage (rôts et pets des bovins notamment), et les feux de forêts. Les émissions naturelles proviennent des zones humides (fermentation de la matière organique), des lacs, du travail des termites et de la fonte du permafrost (en partie provoqué par le réchauffement climatique d’origine anthropique). Globalement, 60% des émissions proviennent de l’activité humaine, 40% de sources naturelles. Au total, 558 millions de tonnes de méthane partent dans l’atmosphère tous les ans. 515 millions de tonnes sont transformées par des réactions chimiques dans l’atmosphère et 33 millions de tonnes sont absorbées par les sols. Tous les ans donc, 10 millions de tonnes viennent s’ajouter au stock déjà présent dans l’atmosphère.

Des concentrations qui ont plus que doublé depuis 1750

SCÉNARIOS. Depuis le début de l’ère industrielle, les concentrations ont plus que doublé, passant de 730 parties par milliard (ppb, nombre de molécules par m3 d’air) en 1750 à 1835 ppb en 2015. « Les mesures montrent une hausse des teneurs de ce gaz qui ne correspond à aucun des quatre scénarios retenus par le GIEC, poursuit Philippe Bousquet. La tendance se situe entre le scénario le pire nous amenant à une hausse des températures supérieure à 5°C à la fin du siècle et un scénario intermédiaire à 3°C » Le GIEC ne pourra donc rester sur ces scénarios et devra effectuer une révision dès son prochain rapport prévu en 2021.
D’autant que, après avoir connu une stabilisation entre 2000 et 2006, les teneurs sont reparties fortement à la hausse depuis 2007. Comment l’expliquer ? L’origine très régionale ne facilite pas la tâche. Les émissions naturelles proviennent en effet principalement d’Amérique du sud, d’Asie du sud-est et de Chine où les zones humides sont très étendues. Avec les émissions anthropiques ces trois grandes régions représentent la moitié des rejets. En revanche, les émissions liées à l’exploitation de l’énergie fossile proviennent principalement de la Chine, de la Russie, de l’Eurasie centrale et des USA. « Il est donc aujourd’hui très difficile d’attribuer cette hausse à l’une ou l’autre de ces sources, doute Philippe Bousquet. Même si l’élevage est fortement soupçonné ». En revanche, il ne semble pas que la très forte hausse de la production de gaz et de pétrole de schiste soit responsable de cette accélération. «Les données pour les Etats-Unis ne montrent aucune évolution sur ces dix dernières années », affirme le chercheur.

RÉCHAUFFEMENT.

L’étude plaide en tout cas pour une action rapide contre ce gaz à effet de serre. Sur 100 ans, le méthane a un pouvoir de réchauffement 28 fois plus important que le CO2 mais sa durée de vie dans l’atmosphère n’est que de dix ans. Lutter contre ces émissions permettrait ainsi d’avoir des résultats très rapidement. L’action principale consiste à traquer les fuites de gaz sur tout le système de distribution et de commercialisation du gaz naturel, du puits au consommateur. L’autre levier, c’est la diminution des cheptels. Mais cela signifie une baisse de la consommation de viande par les hommes, ce qui va demander beaucoup plus de temps. Le bilan mondial du méthane devrait être désormais publié tous les deux ans. La mise en service du satellite européen MERLIN en 2021 va par ailleurs permettre d’affiner les mesures de ce gaz présent partout sur la planète.

 

SOURCE : SCIENCES ET AVENIR 12.12.2016



14/12/2016
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