FILLON FAIT RENTRER LA FRANCE DANS L'ÈRE DE LA POST-VÉRITÉ
« Le discours politique est destiné à donner aux mensonges l'accent de la vérité, à rendre le meurtre respectable et à donner l'apparence de la solidité à un simple courant d’air. » George Orwell aurait particulièrement apprécié la conférence de presse de Fillon hier après-midi, où il a pleinement confirmé son statut de nouveau Cahuzac, à savoir celui d’un menteur pathologique obligé de mentir de plus belle pour tenter désespérément de s’en sortir. Mais il y a plus au plan historique. Il a en effet aussi officiellement fait rentrer la France dans l'ère de la post-vérité, en importation directe de nos infortunés amis anglo-saxons : on commence à comprendre le calvaire intellectuel qu'on subit et subissent encore les Américains avec Trump, car on a affaire à exactement les mêmes méthodes de désinformation et de création de faits alternatifs. Pour ceux qui préfèrent le terme de ‘mensonge’ à celui de ‘post-vérité’, nous avons manifestement affaire à un menteur professionnel de haut vol bien rodé à l'exercice, mais fort heureusement avec ce type d’individu, dès qu'on gratte un peu avec attention, leurs mensonges apparaissent comme le nez allongé de Pinocchio au milieu de sa figure en bois.
Décryptage d’un tissu de post-vérités, ou de mensonges, comme l’on voudra.
1. Manipulation de l'opinion
Juste avant sa conférence de presse, il a largement diffusé via son site Fillon2017 (page ‘Actu’, il faut oser) et ses réseaux sociaux le billet d'un pauvre blogueur lambda, abonné de Mediapart et qui peut donc comme tout abonné créer (comme l’auteur de ce billet) un blog sur la plateforme dite Le Club de Mediapart, dont évidemment les propos n'engagent en rien Mediapart.
Ce qui est d'une malhonnêteté intellectuelle stupéfiante c'est qu'il a fait passer ça pour un article de Mediapart, la caution morale journalistique par excellence le concernant! On peut constater sur les réseaux sociaux que beaucoup ont été bernés par ce fait alternatif caractérisé : des lecteurs pris dans le flot massif d’informations et inattentifs aux sources… ou tellement désireux de lire enfin des choses qui les confortent dans leur déni de le situation de leur idole. Que quelqu'un comme lui, qui se prétend être notre futur Président 'irréprochable' et qui est en train d’être mis en cause sur sa probité, puisse persister et signer de manière aussi stupéfiante dans le mensonge le plus délibéré par la création de nouveaux faits alternatifs montre à quel point ce personnage est dénué de toute honnêteté intellectuelle, pour ne pas dire de toute honnêteté tout court. Pour en venir à de telles pratiques, cela montre aussi à quel point il se sent en réalité aux abois et que sa conférence de presse d’hier tenait surtout de la méthode coué.
On nage donc en pleine post-vérité, c'est assez incroyable à observer, mais ce qui est très drôle c'est que dans ce billet de blog, le blogueur dit des choses comme : « Incontestablement, François Fillon n’est pas un homme vertueux au regard de l’argent. » Ce n’est plus du Cahuzac, du House of Cards ou du Chabrol, ça devient littéralement ubuesque ! Le conseil en communication de Fillon serait-il aussi un emploi fictif? Il est assez incroyable en tout cas qu’à ma connaissance Les Répliques soit le seul média, via ce billet, à avoir dénoncé publiquement cette basse manoeuvre de manipulation de l’opinion.
2. Fausse info
Durant la conférence de presse d’hier, opération prétendument transparence, il a déclaré que la journaliste anglaise Kim Wilsher qui avait interviewé Penelope F. en 2007 - interview filmée qui avait constitué la pièce de résistance de l'Envoyé Spécial accablant de la semaine dernière - aurait après coup téléphoné à Penelope F. pour lui dire qu'elle avait été 'choquée' par l'usage 'hors contexte' de l’interview conduit par l’équipe d’Elise Lucet. Or cette journaliste britannique a hier immédiatement démenti ces allégations sur son compte Twitter et divers journaux, et pour cause elle avait activement collaboré à cet Envoyé Spécial où on la voyait raconter toute l'histoire! « Non M. Fillon! Les propos d’Envoyé Spécial n’ont pas été sortis de leur contexte. Le reportage ne m’a pas choqué. » Autre fait alternatif remarquable, et encore une fois d'une malhonnêteté intellectuelle sidérante durant une conférence de presse censée être une opération transparence pour les journalistes et surtout les Français!
Le comble c’est que Fillon s’est encore enfoncé dans le mensonge dans la soirée. Il a en effet riposté sur Twitter en montrant deux emails qu'aurait envoyé Kim Wilsher à Penelope F. Avec une lecture superficielle, caractéristique de la lecture rapide sur réseaux sociaux, on se dit que ces mails semblent confirmer ses dires. Mais en fait ça ne confirme qu'une chose : c'est qu'il continue à mentir! En effet le premier mail du 30/1 ne concerne pas l'émission Envoyé Spécial (qui a eu lieu le 2/2 au soir) mais le fameux article qui avait paru dans le Telegraph en 2007, et il dit simplement par courtoisie qu'elle est désolée pour les ennuis causés par cet article et par politesse entre britanniques que ses paroles étaient sorties de leur contexte. C’est tout à fait compréhensible, n’importe qui en aurait fait autant par courtoisie élémentaire. Le deuxième mail date du 2/2 dans la journée, soit avant que l'Envoyé Spécial soit diffusé le soir. A aucun moment elle ne se dit être choquée de quoi que ce soit. En fait, elle dit juste dans ce mail qu'elle n'a pas vu le reportage qui l’accable (et pour cause il sera diffusé le soir), que ce n'est pas elle qui a donné la vidéo de l’interview à France 2, et qu'elle a simplement demandé à France 2 que les propos de Penelope F. ne soient pas sortis de leur contexte dans le reportage final mais qu’elle confirmait le contenu de l’article de 2007. Donc la journaliste, contrairement à ce qu'a déclaré Fillon en conférence de presse ‘droit dans les yeux’ à tous les Français, n'a effectivement jamais appelé Penelope F. après l'émission Envoyé Spécial pour dire qu'elle aurait été choquée ou quoi que ce soit d’autre. Pour enfoncer le clou, Kim Willsher a même tweeté le 4/2 : « J’ai écrit ce qu’elle a dit. Nous avons filmé ce qu’elle a dit. Ce n’est pas une opinion. C’est un fait consigné. » On ne peut pas être plus clair.
Hallucinant, Fillon ment bien comme il respire : comment peut-on encore croire à une seule de ses paroles?
3. Manipulation des chiffres
Fillon a de manière absolument consternante cherché hier à minimiser le coût pour le contribuable de l'emploi de son épouse en jouant sur la durée et surtout sur la différence entre le brut et le net. Il a aussi annoncé dans un grand geste de transparence qu'il publierait les montants perçus par son épouse sur son site le soir même. C'est chose faite et les chiffres publiés en net (680.000 euros sur la période, une paille) par Fillon confirment bien les 900.000 euros bruts qui avaient été annoncés par le Canard Enchaîné, contrairement à toutes les dénégations qu'il a pu tenir auparavant. C'est quand même assez tordu comme rhétorique que de minimiser ainsi la douloureuse pour le contribuable, car à ce compte là on devrait parler de 900.000 euros effectivement déboursés par l'Assemblée plus les charges patronales, soit au total un coût pour le contribuable d’environ 1.2 million d'euros, sans compter la retraite à laquelle Penelope F. aura droit.
Encore une fois une manipulation, en l'occurence des chiffres, qui en dit long sur l'éthique intellectuelle du personnage, et au passage sa capacité à faire faire des économies à l'Etat avec un sens des chiffres de la dépense publique aussi douteux. Par ailleurs Fillon, en lissant quasi-habilement le salaire moyen de Penelope F. sur 15 ans (montrant un revenu mensuel de ‘seulement’ 3.677 euros nets par mois, soit un montant bien au-dessus de la moyenne des attachés parlementaires, et un calcul qui d’ailleurs ne tient pas compte du fait qu’un euro d’hier vaut plus d’un euro aujourd’hui) passe complètement sous silence les rémunérations de plus de 10.000 euros brut mensuels perçus auprès de son suppléant Joulaud comme l’a révélé le Canard Enchaîné. Il faut aussi rappeler qu’il a mis un terme au contrat de son épouse en novembre 2013, soit juste après l’adoption de la loi relative à la transparence de la vie politique (suite à l’affaire Cahuzac justement), une loi qui oblige désormais à publier l’identité des assistants parlementaires… une loi que comme par hasard Fillon n’avait pas votée et avait même combattue comme ‘pas nécéssaire’ à ses yeux… no comment.
Un suppléant qui au passage, on s’en souviendra dans Envoyé Spécial, avait été rigoureusement incapable de dire tout simplement devant les caméras que oui Penelope F. avait bien travaillé pour lui : une incapacité de l’intégralité des proches de Fillon, y compris les nouvelles assistantes parlementaires de Fillon, Anne Faguer (son évitement des questions devant les caméras d’Envoyé Spécial vaut son pesant de rillettes) et de Jeanne Robinson-Behr, qui a travaillé pour le suppléant Joulaud (en théorie en même temps que Penelope F.) et qui déclarait au volatile bien informé (ce qu’elle n’a pas osé démentir depuis) « Je n’ai jamais travaillé avec elle, je n'ai pas d'info à ce sujet. Je ne la connaissais que comme femme de ministre. »
4. Aucune preuve fournie du travail de son épouse
Fillon a continué à dire hier que le travail d'assistant parlementaire ne laissait pas beaucoup de traces : pour un travail qui ne laisse aucune trace, à ce tarif, nous serions tous bien heureux d’envoyer notre CV! Au passage il a sans le dire admis qu'il avait menti concernant ses enfants : comme l'avait bien dit notre canard national, et contrairement à ce qu'il avait dit ‘droit dans les yeux’ des Français à un 20h de TF1, il n'a pas employé ses enfants pour des 'missions' mais bien comme assistants parlementaires... alors qu'ils étaient encore étudiants et non pas ‘avocats’ comme il l’a prétendu! Nous ne sommes plus à un mensonge près, tout comme la question des 21.000 euros de chèques siphonnés au Sénat, question qu'il a écarté d'un royal revers de main comme de la menue monnaie et une pratique tout à fait courante. Effectivement vu le nombre de mensonges et de délits présumés, ces 21.000 euros semblent bien dérisoires, bien que potentiellement constitutifs d'un délit de détournement de fonds publics, ce qui est quand même assez grave si c’était avéré.
Que faisait donc - concrètement - Penelope F. pour lui ? "C’est elle, avec ma secrétaire, Sylvie Fourmont, qui a géré le courrier que l’on m’adressait. C’est elle aussi qui a tenu mon agenda. Pour les événements locaux, les inaugurations, les manifestations sportives et culturelles, les remises de décorations, c’est elle qui a travaillé sur mes interventions dans la Sarthe. Elle m’a représenté dans des manifestations culturelles locales. C’est encore elle qui a reçu et renvoyé vers les entreprises de la région les CV et les demandes d’emplois que les Sarthois m’adressaient. C’est toujours elle qui a traité les réclamations de ces derniers lorsqu’ils rencontraient des difficultés administratives. Et la liste de ce qu’elle a fait ne s’arrête pas là." (sic) Dans la mesure où il dit lui-même qu'il avait une secrétaire à son service en plus de son épouse, on voit mal comment ces travaux de secrétariat pourraient demander deux personnes à temps plein, et le reste de ses soi-disant ‘travaux’ ne sont pas franchement bien convaincants pour justifier 1,2 millions d'euros d'argent public! Comment peut-il être sérieusement légitime après pour serrer la ceinture des autres (mais surtout pas la sienne) au vu de tant de largesses personnelles prises avec l’argent public?
5. Déni et enfumage
Il a hier tout de suite annoncé la couleur du niveau de sa transparence en disant qu'il ne répondrait à aucune question concernant les procédures en cours... Très fort!
On se souviendra que dans l'interview vidéo avec la journaliste britannique en 2007 (soit 10 ans après qu'elle ait théoriquement commencé à être assistante parlementaire), diffusé sur Envoyé Spécial la semaine dernière, Penelope F. disait clairement qu'elle s'ennuyait à mourir dans son tourbillon familial monotone, qu'heureusement il y avait des expos à Paris, et que si elle n'avait pas eu un cinquième enfant elle aura cherché un travail (sic). Elle a aussi dit assez ouvertement qu'elle venait de s'inscrire à un cours par correspondance en littérature anglaise pour se remettre à ‘faire travailler son cerveau’, qu'elle avait vaguement accompagné son mari pendant les campagnes en prenant soin de toujours rester discrètement au fond des salles de meetings, glissant de temps en temps des prospectus sous les portes et rien de plus, pour finalement dire : « je n'ai jamais été son assistante (et on oublie généralement la fin de sa phrase, la précision est pourtant importante) ou quoi que ce soit d’autre. » Ce même type d'affirmations a été plusieurs fois enregistré ces dernières années dans des journaux et magazines divers et variés, comme tout le monde avec un minimum de lucidité aura pu le constater.
Ce qu'en dit Fillon est assez stupéfiant de culot (on peut d’ailleurs commencer à se demander s’il n’y aurait pas un peu d’Audiard aussi dans cette affaire) : « On s’appuie sur une ancienne interview en anglais (note : quel est le problème??) là aussi sortie de son contexte (note : le contexte été assez clair), dans laquelle elle explique qu’elle n’a « jamais été mon assistante ». Oui, elle n’a jamais été ma subordonnée. Elle a toujours été, d’abord et avant tout, ma compagne de travail, ma collaboratrice. Pénélope n’a jamais revendiqué de rôle dans la lumière. Elle a exercé dans la discrétion, refusant de parler à ma place comme l’ont fait certaines épouses d’hommes politiques. Et aujourd’hui, on retourne cette discrétion contre elle et contre moi. Eh bien moi je vous le dis, sa façon de faire était digne. » Il faut reconnaître qu'on a affaire à un sacré artiste de l’enfumage, c’est assez spectaculaire! Au passage Fillon n'a strictement rien dit des autres affaires en cours concernant d'autres emplois fictifs et abus de bien social présumés dans les sociétés de son généreux mécène Marc Ladreit de Lacharrière… et notamment des deux notes de lecture à 100.000 euros selon le Canard Enchaîné. Etonnant aussi qu'aucun journaliste n'a soulevé le point pendant la séance de questions : des journalistes d’ailleurs étonnamment complaisants et peu agressifs... ont-ils finalement peur pour leurs chères places au cas où l'impensable candidature se produisait finalement?
6. Légalisme de façade et risibles excuses
Fillon persiste et signe pour considérer qu'il a été en tous points dans la légalité. La preuve, nous dit-il : il y avait des contrats, des fiches de paie, et il a payé des impôts dessus. Mais en quoi ça prouve quoi que ce soit?? Ce ne sont pas de salaires fictifs dont on parle... mais d'emplois fictifs! Là où on comprend mieux ce qu'il entend par ‘légalité’ c'est qu'il nous explique benoitement que de toutes façons il n'y avait aucun contrôle des dépenses et que le parlementaire pouvait faire absolument ce qu'il voulait de l'enveloppe : drôle de vision de la légalité et des finances publiques! Avec une vision aussi étroite de la légalité, Fillon se demande quand même tout haut si cette pratique était morale. Grand moment d'interrogations éthiques du candidat Fillon, qui finit par s'excuser auprès des Français! Grand moment de télévision! Ce qui est intéressant c'est qu'il qualifie ça de 'changement de stratégie de communication', ça en dit long sur la sincérité de telles excuses.
Evidemment il espère qu'en s'excusant ainsi - notons qu’il ne parle que d’ ‘erreur’, doux euphémisme - les Français le pardonneront ('personne n'est parfait’, 'il est pourri mais pas plus que les autres', etc) donnant raison à toute la presse étrangère de ces derniers jours unanimement consternée par la tolérance des Français à l'égard des turpitudes de leurs dirigeants (on imagine en passant l’image déplorable de la France, bien conforme au stéréotype du pays latin corrompu que nous avons, que donnerait Fillon dans le monde s’il était Président). C'est quand même très fort pour un candidat qui se prétendait moralement irréprochable il y a encore peu de temps de finalement reconnaître qu'il a commis une ‘erreur’ au plan éthique - on devrait plutôt parler de faute si l’on est sur le registre moral - mais d'ailleurs seulement dans le sens que l'opinion publique avait changé d'opinion sur ces pratiques... c’est subtil, donc pas parce que c'était en soi pas éthique, ce qu'il aurait pu ressentir lui-même indépendamment de l'opinion publique s'il avait eu un minimum d’éthique alors. Imagine-t-on le Grand Charles faire employer Yvonne aux frais de la princesse républicaine, en plus d’une secrétaire pour faire du travail de secrétariat, à 1,2 million d’euros pour le contribuable, même si certains de ses collègues parlementaires le faisaient déjà sans doute en abusant du système?
7. En guise de conclusion
Doit-on désormais en substance ‘oublier cette vieille histoire sans importance et passer à autre chose’ comme il nous y invite avec un culot monstre? C'est un peu comme si un voleur de voitures se faisait arrêter par la police et rendait bien gentiment la voiture volée aux policiers en disant qu'il s’ ‘excusait pour cette erreur’... Il est évident que ces risibles excuses, qu'il est bien obligé de faire pour larguer un peu de lest devant la colère populaire bien légitime, n'ont aucune valeur juridique. Dernier point à ce sujet, il est tout à fait symptomatique qu'à défaut de pouvoir apporter la moindre preuve que ce soit de la réalité du travail de son épouse Fillon commence à contester la procédure juridique et la compétence du Parquet national financier. Ca serait un sacré déni de justice qu'il s'en sorte, comme tant d'autres du même tonneau, pour vice de procédure! Nous serions alors sans doute acculés à imiter l'exemple de nos amis roumains dans les rues. Intéressante perspective citoyenne qui s’ouvrirait à nous…
En attendant, Fillon considère que cette conférence de presse est le début d'une nouvelle campagne. Pour une fois il dit sans doute vrai : dans son obstination à vouloir survivre politiquement coûte que coûte, c’est une campagne qui va être désormais placée sous le signe de la post-vérité, un développement proprement historique pour notre système politique. Ce qui est très grave pour Les Républicains qui vont le suivre désormais dans cette ligne ubuesque de la boule puante et du grand complot médiatico-judiciaire, c'est qu'il va faire d'eux ses complices, jetant le discrédit sur toute une formation politique majeure du pays pour une large part de l’opinion, ce qui est excessivement mauvais pour notre démocratie. La Justice fait son travail - du moins on l’espère - et n’oublions pas bien sûr que la présomption d’innocence doit être respectée. Néanmoins les mensonges ‘droit dans les yeux des Français’ du candidat Fillon sont dès à présent édifiants, facilement décryptables et très inquiétants à ce niveau de la compétition politique.
Je laisse, en guise de point final, les lecteurs de ce billet méditer sur ce que disait le sociologue Pierre Lascoumes, grand spécialiste de la délinquance des élites : « Quand une personne « respectable » est mise en cause et menacée par des rituels de dégradation (base de la stigmatisation) plusieurs dynamiques visent à contrecarrer le processus d’étiquetage. Le premier est procédural. Il vise à brouiller les pistes judiciaires, à saper la logique même des poursuites en utilisant le droit et ses procédures comme écran de fumée, et trouver des failles dans les procédures. Le deuxième concerne la minimisation des faits reprochés. Il s’agit ici de montrer que les faits considérés comme posant problème ne sont, à l’examen, pas graves. D’une part en les confrontant aux pratiques ordinaires du milieu professionnel concerné. D’autre part, en les mettant en relation avec tout ce que la personne a déjà accompli, avec sa « grandeur ». Ce rituel consiste donc à euphémiser les faits, à les rendre soit justifiables, soit banaux.» Comme le disait fort justement Pierre Bourdieu la sociologie est un sport de combat : le combat contre la post-vérité Made in France vient lui aussi de commencer.
SOURCE : LES RÉPLIQUES 07.02.2017
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