L'ÊTRE HUMAIN DANS L'UNIVERS : UNE AVENTURE EXTRÊMEMENT BRÈVE
SCIENCES - Comprendre la place de l'homme dans l'univers est un défi pour tout un chacun. Comment en effet réussir à inscrire notre "cas" dans un "agenda cosmique" à l'échelle de temps démesurée ? Pour y parvenir, il est possible d'identifier quatre grands épisodes d'organisation de l'univers qui, pour nous, ont été déterminants : l'apparition des étoiles, l'apparition de la Terre, l'apparition de la vie, et l'apparition de l'espèce humaine.
Et si tout s'était déroulé en une seule année ?
Imaginons, pour simplifier, que toute l'histoire de l'univers soit comprimée dans l'espace d'une seule année. Le Big Bang a eu lieu le 1er janvier à zéro heure et nous sommes aujourd'hui le 31 décembre à minuit. Dans cette nouvelle échelle de temps, où chaque seconde équivaut à un peu plus de 400 de nos années (ce qui fait environ 37,5 millions d'années par jour pour un total de 13,7 milliards d'années), le premier événement marquant se produit au bout d'un quart d'heure : c'est la lumière, qui sort du brouillard. Dès la troisième semaine, les premières étoiles commencent à se former ; les galaxies suivent, dont le gros de la troupe se constitue en février. Au sein de notre propre galaxie, la Voie lactée, les grosses étoiles vivent une demi-heure avant d'exploser et de répandre dans l'espace les atomes qu'elles ont fabriqués. De nombreuses générations d'étoiles se succèdent ainsi, enrichissant le milieu interstellaire d'atomes lourds, avant que notre étoile, le Soleil, ne s'allume à son tour. Nous sommes le 9 septembre. Autour de l'étoile naissante, les planètes s'agrègent, et le 13 septembre à 6h du matin, la Terre est constituée. Le lendemain, la Lune s'agglomère et tourne autour. Le décor est planté, mais c'est déjà l'automne.
Et ainsi apparut la vie...
Sur la nouvelle scène, stable et bien chauffée, des processus physico-chimiques se mettent à tourner et aboutissent, autour du 25 septembre, à une invention prodigieuse, dont on ne sait pas encore si elle a pu se produire ailleurs que sur Terre: les bactéries. Celles-ci prolifèrent et envahissent littéralement la planète, profitant d'un règne sans partage pendant un peu plus de deux mois - c'est-à-dire 2,5 milliards d'années, le plus long empire de tous les temps. Mais, trêve de monotonie : la photosynthèse, initiée début octobre, est achevée début décembre, en même temps que l'atmosphère d'azote et d'oxygène, et les bactéries découvrent la sexualité le 3 décembre. Dès lors, la vie se diversifie mais reste confinée dans les océans pendant deux semaines, à l'état d'organismes pluricellulaires, puis de vers moitié-plantes moitié-animaux. Les poissons pointent leur tête le 19 décembre. Les premières plantes terrestres s'aventurent à l'air le 20 décembre. Les animaux suivent le 21. Les insectes volent le 22, les arbres font de l'ombre le 23. Les dinosaures arrivent juste à temps pour le réveillon de Noël, après quoi ils se prennent un astéroïde sur le crâne et rendent tous l'âme le 30 décembre. Entre-temps, les mammifères sont apparus le 26, les oiseaux le 27, les fleurs et les fruits le 28, les primates le 29, et ces nouvelles trouvailles du vivant traversent adroitement le cataclysme du 30. Le grand règne des mammifères s'installe.
À partir de maintenant, l'histoire s'emballe - d'un point de vue strictement humain, bien sûr, car pour les particules tout est calme, pour les bactéries la vie suit son cours et pour les dinosaures tout est fini.
Le dernier jour de l'année, l'homme prend enfin sa place dans le cosmos
Pour détailler ce qui se passe pour l'apparition de l'Homo Sapiens, c'est à dire au cours de la dernière journée, un grand coup de zoom est nécessaire. Le 31 décembre à 14h, un primate descend précautionneusement des arbres, tandis que les Alpes et l'Himalaya poussent vers 15h. Lucy et ses congénères se mettent debout à 22h30. On pourrait croire que ces premiers hominidés vont déferler sur le monde, mais non, ils hésitent, ils expérimentent leur cerveau dernier modèle, se demandent qu'en faire, se préparent longuement à frapper un grand coup et, à minuit moins le quart, c'est l'illumination, le feu enfin conquis et maîtrisé. On va pouvoir passer aux choses sérieuses. Ce qui veut dire que tout le reste, absolument tout ce qui constitue pour nous la grande aventure de l'humanité, se produit dans le dernier petit quart d'heure. La cuisine, les vêtements, l'habitat, les armes, les tombes, les peintures rupestres, l'agriculture, l'écriture, les bijoux, la musique, la danse et les dieux, bref tout ce qui enrobe l'homme (et la femme) d'une grosse couche de signes a dû être inventé pendant les quinze dernières minutes de cette grande année. Quant à l'Histoire avec un grand H, celle des manuels scolaires et des films à gros budget, elle tient dans une poignée de secondes. Les Pyramides d'Égypte et les débuts de l'astronomie datent de minuit moins dix secondes. Le Christ naît à minuit moins cinq secondes. La Renaissance fleurit à minuit moins une. Et nos efforts pour entrer en contact avec des civilisations extraterrestres? Les premiers messages par radiotélescopes ont été envoyés vers 1950, soit deux centièmes de seconde avant minuit. Et l'on voudrait qu'il y ait du monde à l'autre bout de la ligne, justement là, justement aujourd'hui? Quelle impatience !
L'apparition de l'homme : un phénomène improbable ou banal ?
L'année cosmique permet de mesurer combien la conscience (la nôtre en tout cas) est un phénomène extraordinairement récent à l'échelle de l'univers. Y a-t-il une bonne raison à cela? Pourquoi a-t-il fallu attendre 365 "jours" avant de produire les quelques "secondes" qui font notre gloire? On peut envisager deux grands types d'hypothèses: ou bien la vie est un phénomène extrêmement improbable, frôlant même l'impossible, et il est logique de ne pas tomber dessus à tout bout de champ. Ou bien la vie est un phénomène banal, voire inéluctable dès que les conditions nécessaires sont réunies, mais il ne faut pas moins de dix milliards d'années d'évolution cosmique pour réunir lesdites conditions - il est donc normal que nous arrivions en scène aussi tard. Dans les deux cas, tout est normal, ce qui est fort rassurant, mais on aimerait quand même bien savoir dans quel scénario on joue: exception ou lieu commun? Pour trancher, il faudrait en savoir plus sur les conditions d'apparition de la vie, non seulement sur Terre, mais aussi ailleurs dans l'univers.
C'est l'aventure scientifique de demain.
SOURCE : LE HUFFINGTON POST 30.09.2015
A découvrir aussi
- CUBA ÉLIMINE LA TRANSMISSION DU VIH DE LA MÈRE À L'ENFANT
- SCIENCES : "NOS RECHERCHES NOUS MÈNENT À L'ORÉE DE LA MORT"
- SKYLAKE, LA SIXIÈME GÉNÉRATION DE PROCESSEURS CORE D'INTEL
Retour aux articles de la catégorie DIVERS SCIENCE -
⨯
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 202 autres membres