Dans le métro, aux passages piéton, dans la file à la caisse, au restaurant, les Chinois ont constamment les yeux vissés sur leur portable.
Même au travail, ils ne lâchent par leur téléphone mobile et font défiler du pouce leur fil d’informations. Ce qui les maintient dans cette dépendance mobile, c’est l’application WeChat. Grâce à la photo et à la vidéo servant des fonctions similaires à celles de Facebook, Twitter et l’application de “dating” Tinder, le produit du géant internet chinois Tencent s’est mué en interface universelle.
En Chine, WeChat est aujourd’hui synonyme d’Internet. « Le couteau suisse de l’ère du smartphone », selon le Financial Times.
Lancée en 2011, WeChat revendique aujourd’hui en Chine près de 650 millions d’utilisateurs mensuels, soit 88% des détenteurs de smartphone. Dans le monde, l’application réunit 687 millions d’inscrits. Après avoir connu une croissance foudroyante, la marque talonne Facebook et son milliard d’utilisateurs mensuels.
Connectée à un compte, WeChat devient un portemonnaie électronique, un portail de vente en ligne, une banque qui permet de transférer de l’argent et de payer sa facture d’électricité. Commander une pizza ? Prendre un rendez-vous chez le médecin ? Oui, c’est aussi possible.
Rituel de toute nouvelle rencontre, le scan du code QR de WeChat permet de rejoindre les contacts réciproques. L’application a relégué les mails des messageries classiques aux oubliettes.
Ce talent à mélanger les genres s’est illustré de manière brillante en février dernier lorsque WeChat a pris de vitesse Alibaba, l’Amazon chinois. L’application a permis aux utilisateurs d’envoyer à leurs proches leurs «Enveloppes Rouges», de l’argent, le cadeau traditionnel du Nouvel An chinois, sous forme électronique.
Sources de revenus
Tencent s’illustre par ses compétences à monétiser son application. Une large part des revenus provient la vente d'émoticônes animées disponibles dans le « Sticker Shop ». Celles-ci sont soit sponsorisées par des entreprises, soit téléchargeables contre une somme modique, indique Chinatoday.com. Cette année, Tencent a aussi lancé sa propre plateforme de vente de jeux en ligne par WeChat. Une autre source de revenus est la création payante de comptes officiels pour les entreprises et les institutions.
A l’avenir, Tencent va lancer sa boutique en ligne qui proposera des e-books, des mangas et de nouvelles applications. Des négociations sont parallèlement en cours avec des fonds d'investissement chinois pour mettre en place une plateforme de services financiers.
Avec ses multiples langues et frontières, l’Europe ne représente guère un marché prioritaire pour Tencent. En revanche, le Japon et surtout les nombreux marchés émergents d’Afrique sont dans la ligne de mire. Avec ses publicités mettant en scène un faux Mark Zuckerberg et un vrai Lionel Messi, WeChat fait le buzz sur le continent. Après s’être implantée en Afrique du Sud en 2011, WeChat a été lancée au Ghana et au Nigeria. La compagnie a récemment ouvert un fonds doté de 3,5 millions de dollars afin de soutenir les start-up en Afrique.
SOURCE : Bilan 21.03.2016