LES 4 VÉRITÉS DE BRANE

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SOMMEIL DES ADULTES : 8 HEURES DE REPOS, L'ATOUT SANTÉ

Un Français sur trois souffre de déficit de sommeil. Les spécialistes alertent sur ce qu’ils considèrent comme un problème de santé publique.

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EN BREF : 7 à 9 h de repos par nuit sont indispensables de 18 à 64 ans
                1 Français sur trois déclare dormir moins de 6 h par nuit
                 Le sommeil se découpe en environ 5 cycles de 90 minutes chacun
                 Chaque cycle débute par du sommeil lent et se termine par du sommeil paradoxal

 

À 23 heures, seul un Français sur deux est couché et un sur dix ne dort toujours pas à une heure du matin. Matinal ou lève-tard, couche-tôt ou oiseau de nuit, à chacun son rythme ! Mais si un adulte sur trois déclare dormir moins de six heures par nuit, un sur six s’estime fatigué tous les jours de la semaine et un sur dix se dit insomniaque… Pourtant les recommandations internationales de l’Association américaine du sommeil (National Sleep Association) sont formelles : un adulte a besoin en moyenne de 7 heures de sommeil. À cette période de la vie, une nuit se découpe de façon très précise en cycles successifs (trois à cinq) d’environ 90 minutes chacun. Chaque cycle est lui-même composé de trois types de sommeil : lent-léger, lent-profond et paradoxal. Raffinement supplémentaire : au cours d’un même cycle, la durée de chaque stade varie en fonction du moment.
Ainsi, on trouve une majorité de sommeil lent-profond au début, permettant la récupération physique, puis en majorité du paradoxal au petit matin, le temps des rêves et des cauchemars. Toutefois, cet agencement peut se dérégler. Entre les contraintes professionnelles et familiales, les incitations à l’hyperactivité, l’omniprésence des écrans, les nuisances sonores et le stress, l’objectif des sept heures est bien difficile à atteindre. Résultat : la dette de sommeil concerne un adulte actif sur trois ! Avec des conséquences majeures comme la somnolence diurne, premier facteur d’accident de la route dans l’Hexagone, avant l’alcool et la vitesse (12 % des accidents globaux et 33 % des accidents mortels sur autoroute).

Des effets importants sur le métabolisme

 

« Un tiers des jeunes adultes et 25 % des adultes plus âgés sont en privation chronique de sommeil », peut-on lire dans le rapport « Retrouver le sommeil, une affaire publique » du think-tank Terra Nova paru au printemps sous la houlette des professeurs Damien Léger et Jean-Pierre Giordanella. Viennent ensuite les troubles de l’attention, de l’apprentissage, de la mémoire et du jugement. « Il faut rajouter les effets de ce manque sur le métabolisme », insiste le Dr Véronique Viot-Blanc, du Centre du sommeil de l’hôpital Lariboisière (Paris), comme le risque de contracter un diabète ou une obésité. Exemple, avec les travaux de Karine Spiegel, de l’Inserm U1028 à l’université Claude-Bernard (Lyon) qui ont démontré qu’une restriction répétée chez des volontaires induisait une dérégulation de l’appétit. Celle-ci est due à des modifications hormonales des sécrétions de ghréline et de leptine, deux hormones impliquées dans les sensations de satiété et de faim. Résultat, les prises alimentaires se font plus importantes, qui plus est avec davantage d’aliments à haute valeur énergétique. « De fait, une durée insuffisante de sommeil limite aussi l’efficacité d’un régime amaigrissant », ajoute Véronique Viot-Blanc.
D’autres travaux ont démontré un lien entre privation de sommeil et apparition de troubles immunitaires, voire de cancers en cas de travail de nuit avec horaires décalés. Exemple, avec des études épidémiologiques menées dès les années 1990 auprès de femmes travaillant de nuit (hôtesses de l’air et infirmières) chez qui un risque accru de cancer du sein a été identifié. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a d’ailleurs ajouté en 2009 le travail de nuit à la liste des agents « probablement cancérogènes ».

HORLOGE BIOLOGIQUE. Les femmes plus vulnérables que les hommes

L’inégalité face au sommeil commence avec le sexe. Plus vulnérables que les hommes aux perturbations du sommeil, les femmes courent un risque deux fois supérieur de souffrir d’insomnie. C’est qu’il existe une relation entre l’horloge biologique régulant le sommeil et le fait d’être femme ou homme, comme l’a montré une étude canadienne publiée cet automne dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). « À horaire de sommeil comparable, nous avons observé que l’horloge biologique des femmes les porte à s’endormir et à se réveiller plus tôt que les hommes », écrit l’auteur principal de l’étude, Diane Boivin, de l’université MacGill (Montréal, Québec). Selon ce travail, il apparaît en effet que les femmes sont calées sur un fuseau horaire différent de celui des hommes, ce qui les décale d’environ deux heures. Conclusion, elles doivent se coucher plus tôt !

« Manger mieux, bouger plus… et bien dormir »

 

En jeu, le dérèglement de l’horloge biologique et ses modifications sur la sécrétion de la mélatonine, l’hormone naturelle du sommeil. Sa baisse ou son absence diminuerait son effet protecteur vis-à-vis du développement de cancers, en particulier par son action sur d’autres hormones comme la progestérone ou les oestrogènes. Autant de risques encore trop peu connus du public. « C’est pourquoi une campagne d’information sur les risques du manque de sommeil serait nécessaire », plaide la spécialiste. Les auteurs du rapport de Terra Nova proposent ainsi de compléter le célèbre slogan « Manger mieux, bouger plus » par… « et bien dormir ».
Pour l’heure, ce sont surtout les insomniaques qui mobilisent les spécialistes, eux qui chaque nuit guettent en vain l’arrivée du sommeil. Une première association, France Insomnie, a été créée au printemps 2016 car 20 % des Français seraient concernés, dont la moitié souffrent de nombre de formes sévères. « Le problème est le caractère subjectif de la plainte qui, elle, est toujours bien réelle », précise le Pr Charles Morin, spécialiste du sommeil à l’université Laval, à Québec (Canada). Pour les personnes concernées, les nuits sont chaotiques, l’éveil trop précoce d’où découle un repos insuffisant qui se solde par des journées ponctuées d’épisodes de somnolence, d’irritabilité, etc. La plupart du temps aiguë et réactive à un stress momentané (deuil, maladie…), l’insomnie peut aussi devenir chronique si ces signes s’observent au moins trois fois par semaine depuis plus de trois mois. Rien à voir donc avec les petits dormeurs (10 % de la population), qui dorment peu mais qui sont, eux, en parfaite forme au réveil. Si les causes des insomnies peuvent être physiques (apnées du sommeil, jambes sans repos, reflux gastro-oesophagien, asthme…), elles sont souvent psychiques, sur fond d’anxiété et de dépression. « Parfois, l’origine remonte à l’enfance, chez des personnes contraintes après l’âge de 3 ans aux siestes et conditionnées à attendre le sommeil », précise Dominique Petit, chercheuse au Céams de l’université de Montréal au Canada (cf. Le Sommeil des bébés).
Quand les troubles sont trop handicapants au quotidien, une consultation dans un centre du sommeil peut permettre d’éviter de sombrer dans la spirale des somnifères, ou d’en sortir. En France, il en existe une quarantaine. Parfois, une courte hospitalisation de 24 à 48 heures est envisagée pour réaliser différents examens : enregistrements du sommeil, recherche de pauses respiratoires, questionnaires… « Ces examens permettent surtout d’“objectiver” les éveils, détaille Charles Morin. Mais ce qui est compliqué avec les insomniaques, c’est leur perception négative des heures passées à dormir. » C’est justement ce rapport problématique au sommeil, souvent ancien, qui doit être patiemment démonté par le biais des thérapies comportementales cognitives. Les patients apprennent notamment à tenir un agenda du sommeil, mentionnant nuit après nuit l’heure d’extinction de la lumière, le temps mis à s’endormir, les éveils, etc. Il permet, par exemple, de prendre conscience que le temps passé au lit à attendre que le sommeil arrive est trop long. Bien suivies, ces thérapies, réussissent dans environ 70 % des cas. Et permettent aux insomniaques de retrouver leur forme matinale.

Quelques recommandations :

- Se coucher à horaires réguliers
- Respecter les signes d'endormissement et de fatigue (yeux qui piquent, bâillement...)
- Exclure les écrans de la chambre

 

SOURCE : SCIENCES ET AVENIR 04.01.2017

 

 

 

 



04/01/2017
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